La Sucrerie

Autrefois, le sucre était uniquement extrait de la canne à sucre. Mais, la France avait été coupée de ses ressources en sucre de canne des Antilles par la marine Britannique en 1806 (Blocus continental imposé par Napoléon). Il fallut alors trouver des solutions pour le remplacer.

Dès le XVIe siècle, en 1575, l’agronome français Olivier de Serres démontre la présence de sucre dans la racine de betterave en la cuisant. Celle-ci rendait un jus semblable au sirop de sucre. En 1747, un allemand, MARGRAFF , confirma la présence de sucre dans la betterave, l’avait isolé et dosé. En 1800, ACHARD , français d’origine, mais de nationalité allemande, avait créé, grâce aux encouragements du roi de Prusse, une petite industrie de sucre de betterave, mais sans succès. Des chimistes tels que DEYEUX, à côté de MARGRAFF et ACHARD, fournirent les méthodes d’extraction. Aidés par BARRUEL, chimiste, ils parvinrent à produire plusieurs pains de sucre cristallisé d’une grande blancheur. Le français Benjamin Delessert (né à Lyon), industriel, banquier et homme politique présenta alors à Napoléon Ier du sucre obtenu à partir de betteraves sucrières. Le procédé d’ extraction industriel du sucre à partir de la betterave a été inventé par Jean-Baptiste Quéruel (né à Lyon) à la fin 1811. Sa production a été encouragée par l’empereur. Le sucre de betterave a alors remplacé le sucre de canne. Plusieurs sucreries s’établirent dans le Nord, le Calvados, I’lle et Villaine, le Puy-de Dôme. Le 25 mars 1811, l’empereur décida que 32 000 hectares seraient ensemencés en betteraves à partir du 1″ janvier 1813. Le 8 janvier 1812, il porte ce chiffre à 100 000 hectares. En 1811, seulement 6 785 hectares étaient ensemencés et produisaient 98 813 tonnes de betteraves. En 1836, on ne cultivait que 20 000 hectares (cf Cambrésis Terre d’Histoire n° 28).

La première sucrerie à voir le jour dans le Cambrésis s’installe en 1826 à THUN ST MARTIN (Béthune-Houriez) (cf Cambrésis terre d’histoire n° 28). Avant 1850, elle est accolée à un moulin à farine et appartient à la société NUMA CAULLET et Cie. Elle est rachetée le 18 mars 1852 par M Charles Joseph DELLOYE pour le compte de la Société DELLOYE et Cie, en l’ étude de Maître DEJARDIN notaire à Cambrai, pour la somme de 130 000 F de l’ époque. (cf E. CAPLIEZ-C. COLPART).

Pourquoi SUCRERIE D’IWUY et non pas de THUN ST MARTIN :

Au printemps 1855, malgré la désapprobation générale, la Compagnie des Chemins de Fer de la France du Nord et de la Belgique commença les travaux de construction de la voie ferrée Busigny-Somain. Un pont-viaduc ferroviaire fut construit sur l’Erclin, et dès 1857, on raccorda “les sucrerie et distillerie d’Iwuy” au Chemin de Fer du Nord, ce qui fit qu’on ne parla plus dès lors de sucrerie de Thun-Saint-Martin, mais de “sucrerie d’Iwuy”…(cf Cambrésis Terre d’ Histoire n° 18, article de M Pierre MOLLET).

La sucrerie ferme ses portes en 1978 pour des raisons économiques , la plus grande partie des bâtiments est détruite entre 1983 et 1984, la grande cheminée est dynamitée et abattue le 8 juin 1984. En 2021, il subsiste encore 2 bâtiments le long de la route nationale (occupés par XOON ex DANJOU-BODA), l’entrée de l’ancienne sucrerie est occupée par la supérette CARREFOUR CONTACT. Les décanteurs existent toujours sur le territoire de Thun St Martin. Les anciens bureaux ont été réaménagés en appartements.